Vue de Paris – Unsplash
Paris est-elle toujours une fête pour les acquéreurs immobiliers? Si le titre du récit autobiographique de l’écrivain américain Enerst Hemingway est devenu emblématique du style de vie dans la capitale où il vécut avec sa femme dans les années 1920, certains Parisiens semblent pourtant vouloir la quitter pour des cieux azuréens ou bretons. D’ailleurs, la capitale a perdu plus de 54.000 habitants entre 2013 et 2018, selon les derniers chiffres des notaires. Ces départs représentent toutefois une aubaine et des opportunités pour le marché de l’immobilier à Paris qui, après une période de marche au ralenti, a retrouvé de la vitesse au troisième trimestre 2021 selon les notaires du Grand Paris, avec des prix en baisse ou stables selon les arrondissements. Et du côté du secteur de l’immobilier de prestige, l’activité décolle.
Richard Tzipine, directeur général de Barnes, avait confirmé en novembre dernier l’euphorie du segment du luxe dans l’émission BFM Patrimoine présentée par Cédric Decoeur. “L’année 2021 sera une année record. Déjà 2019 était une année record. Et 2021 sera, pour nous, à +30% par rapport à 2019 et +60% par rapport à 2020”, estimait ainsi Richard Tzipine. Or la capitale est l’un des marchés phares du luxe au sein du réseau immobilier de prestige.
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“Alors que la demande a baissé par rapport à ce qu’elle était avant la crise sanitaire, l’offre a progressé, ce qui explique l’augmentation de l’activité de l’immobilier de prestige parisien”, analyse de son côté Sébastien Kuperfis, directeur général de Junot, maison familiale spécialisée dans l’immobilier de luxe qui a récemment vendu en 10 jours un appartement traversant de 161 m² dans un immeuble en pierre de taille situé au cœur de l’avenue Trudaine dans le 9e arrondissement au prix non négocié de 2,29 millions d’euros.
Signe du dynamisme du secteur qui marche cependant à plusieurs vitesses avec d’un côté, les biens “zéro défaut” qui se vendent très cher et assez vite et de l’autre les biens plus “classiques” qui mettent un peu plus de temps et peuvent être négociés.
Daniel Féau, qui révèle une hausse de 39% de son chiffre d’affaires par rapport à 2019, indique qu'”en 2021, le prix moyen au m² de nos ventes entre 2 et 4 millions d’euros a été de 16.724 euros et de 20.729 euros pour les ventes supérieures à 4 millions d’euros”, soit des niveaux largement supérieurs aux 10.790 euros par m² constatés par les notaires du Grand Paris.
“Nos agences parisiennes ont réalisé de très belles ventes, avec des budgets élevés, tant auprès de Français que d’étrangers. Nous ne constatons pas de pénuries de types de biens ou de surfaces sur ce marché. Dans l’ensemble, un bien affiché au bon prix part facilement”, souligne également Alexander Kraft, directeur général de Sotheby’s International Realty France – Monaco dont le réseau a récemment conclu la vente d’un bien situé à Passy pour un budget de 4,14 millions d’euros…
L’offre est au rendez-vous d’une demande dont les critères et exigences ont été modifiés par les mesures prophylactiques prises par les gouvernements face à la pandémie du Covid-19.
Acquéreurs français et étrangers considèrent donc toujours Paris comme un placement sûr, au prestige intemporel. Sur les traces d’Hemingway, les Américains représentent 1,7% des ventes de la Ville Lumière selon des chiffres des notaires du Grand Paris cités par Le Figaro sur les ventes conclues entre janvier et septembre 2021. 2,8% des ventes sont conclues par des acquéreurs chinois et 3% par des Italiens, avec le retour sur le marché d’une clientèle d’expatriés d’Asie, de Londres, du Golfe arabique ou d’étrangers du Moyen-Orient ou de Suisse.
“Toutefois, les restrictions sanitaires liées à la cinquième vague pourraient limiter les ventes aux étrangers en raison des fermetures de frontières et/ou de quarantaine”, estime Laurent Demeure, président de Coldwell Banker France et Monaco, un autre réseau immobilier spécialisé sur les biens de luxe. Il remarque en revanche une forte demande pour des petites surfaces de la part de ses clients millennials, pour des budgets compris entre 300.000 et 350.000 euros, dans des quartiers comme le 18e et le 19e. Un budget confortable pour des petites surfaces.
Les petites surfaces, dont se séparent les investisseurs “Airbnb” suite à la baisse du tourisme et au durcissement de l’encadrement de la location saisonnière, font le bonheur des acquéreurs au budget le plus serré… “Ces acquéreurs veulent rester en centre-ville et n’envisagent pas un exode. Ils profitent des opportunités nées du tassement des ventes et des taux bas en misant sur des arrondissements aux prix les moins élevés”, poursuit Laurent Demeure.
Les acquéreurs sont globalement en quête d’écrins de verdure dans la capitale et “tout ce qui est rare se vend souvent très cher, surtout les biens sans aucun défaut avec des prestations très haut de gamme”, estime le directeur de Junot. Portées par la ruée sur les maisons des Franciliens claquemurés pendant 3 confinements et couvre-feu, les ventes de biens avec un jardin ou extérieur ont bondi.
“Nos ventes de maisons et d’hôtels particuliers avec jardins ont presque triplé et expliquent 50% de la hausse de notre chiffre d’affaires”, remarque le réseau Daniel Féau qui a récemment vendu un appartement en rez-de-jardin dans le 7e arrondissement présenté au prix de 9,9 millions d’euros d’une superficie de 504m².
Les extérieurs ont donc plus que jamais la cote. “Ce n’est pas la surface qui impacte le plus la facilité à vendre ou non, ce sont plutôt les caractéristiques du bien, notamment la présence d’un extérieur. Si le bien dispose d’une terrasse, la demande est très forte”, note Sébastien Kuperfis. Un bien avec un extérieur se vendra “35% plus cher qu’un bien qui n’en aurait pas” selon l’expert. La vue, dégagée ou sur un monument, est également un élément très recherché par ces acquéreurs fortunés.
À l’inverse, les biens sans extérieur et sombres auront parfois plus de mal à trouver preneur… “En particulier, le marché de l’appartement familial “courant” en étage intermédiaire, sans vue ni terrasse, comportant typiquement trois chambres dans une surface inférieure à 150 m², qui n’a pas suivi l’envolée des biens de luxe”, ajoute la maison Féau qui observe un recul de 3% des transactions de biens compris entre 1 et 2 millions d’euros dont les délais de vente sont allongés et une progression exceptionnelle des biens de grande superficie 118% pour les biens de 200m² à 300m², 219% pour ceux de 300 à 400 m² et 156% pour ceux d’une surface supérieure à 400m².
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