LOGEMENT La crise sanitaire n’a pas eu l’effet de baisse sur les prix, escompté par beaucoup de potentiels acheteurs. Au contraire, les prix ont continué à grimper partout dans la capitale
Covid-19, exode, chute des prix… Le schéma que les potentiels investisseurs espéraient voir ne s’est pas produit. Malgré la crise sanitaire, les prix de l’immobilier ont continué à grimper à Paris selon le dernier baromètre LPI-SeLoger* du mois d’octobre 2021.
Si les prix stagnent depuis trois mois, il est peu probable de les voir diminuer dans les mois à venir.
«Sur les 12 derniers mois, les prix signés dans la capitale ont augmenté de 7,3 % », explique Séverine Amate, porte-parole du groupe SeLoger. Ainsi, le prix au mètre carré atteint les 11.367 euros. Pire, 17 des 20 arrondissements dépassent la barre des 10.000 euros du m².
Seuls les 20e (9.769 euros), 13e (9.424 euros) et 19e arrondissements (9.317 euros) n’atteignent pas encore cette hauteur. Ce dernier fait pourtant partie de ceux qui ont vu leurs prix augmenter le plus sur une année (+12,7 %) avec le 5e arrondissement (+14,1 %). C’est toujours le 7e arrondissement qui est le plus cher de Paris, avec un prix moyen au m² de 14.571 euros. « Cette évolution à la hausse est marquée depuis 2018, et la crise sanitaire n’a pas véritablement entamé le dynamisme du secteur », précise Séverine Amate. Thomas Venturini, CEO de Liberkeys, agence immobilière en ligne, l’explique : « L’année 2021 a été marquée par un premier semestre exceptionnel. Après tous les arrêts dus aux confinements, les acquéreurs n’ont pas voulu attendre. »
Un petit coup d’arrêt se fait tout de même voir dans cette hausse effrénée. Logique après la folie du début d’année, selon Thomas Venturini. Selon le baromètre LPI-SeLoger, les prix aussi ont freiné, allant jusqu’à stagner sur les trois derniers mois. Une période qui n’est qu’un round d’observation pour Séverine Amate : « Le marché se regarde un peu en ce moment. Il faut prendre conscience que 60 % des vendeurs cherchent à vendre aujourd’hui pour acheter demain. » Aussi, l’augmentation des prix peut les freiner dans leur démarche, de crainte de ne pouvoir trouver mieux que ce qu’ils vendent. C’est aussi ce qui les pousse à ne pas baisser le prix de leur bien. En résumé, le serpent du marché immobilier se mord la queue.
Les acheteurs non plus ne sont pas inconscients, d’après l’experte : « Si les biens ne correspondent pas à leurs attentes et ou que le prix est trop cher par rapport aux prestations, ils préfèrent attendre une meilleure occasion. » Ces atermoiements amènent à une sorte de régulation en cours du marché, « une bonne nouvelle » pour Séverine Amate. Mais ce phénomène de stagnation est aussi provoqué par les difficiles conditions d’octroi de crédit appliquées par les banques. Même si quelques-uns ont pu épargner pendant les confinements, les apports demandés, souvent proches de 20 % du prix global, écartent beaucoup de ménages, notamment les plus modestes. Pour un bien de 60 m², l’apport peut donc allègrement dépasser les 100.000 euros. Une somme inaccessible pour beaucoup de ménages, notamment les primo-accédants. « Pour s’acheter un bien de cette taille, il faut gagner au moins 9.500 euros », précise Séverine Amate.
Cette situation peut-elle ramener le marché vers une baisse des prix ? Malheureusement pour les acheteurs, c’est peu probable. Tout d’abord parce que les investisseurs, français comme étrangers, sont nombreux à tourner autour du marché, à l’affût du moindre bien à acheter. De plus, l’exode urbain attendu après les confinements n’a pas eu lieu, comme l’explique Séverine Amate : « Les bassins d’emplois ne se déplacent pas et le télétravail ne concerne que 20 % des salariés, et ce n’est pas à temps complet. »
Si les Parisiens cherchent à se « délocaliser » pour pouvoir acheter et profiter de plus d’espace, cela se fait majoritairement en « saut de puce ». Sur le site SeLoger, seules 11 % des requêtes des Parisiens se situent hors de l’Île-de-France. Une étude de l’Institut Paris Région, publiée le 14 octobre, montre que les Franciliens déménagent en moyenne à « seulement » 8,2 km de chez eux. Preuve que l’ambition, volontaire ou contrainte, n’est pas de s’éloigner à tout prix de Paris à l’heure actuelle. Pour Thomas Venturini, la situation actuelle n’est qu’une accalmie avant un retour de la hausse régulière des prix, à partir du premier trimestre 2022.
Le baromètre LPI-SeLoger se base sur les données de 650.000 transactions enregistrées en temps réel par un consortium de 13 acteurs du marché immobilier (SeLoger, La Banque Postale, le Crédit logement, etc).
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